Ces
derniers temps le problème de la surproduction de lait a suscité le
mécontentement des agriculteurs éleveurs et des centres de collecte de lait et on
a pu constater plusieurs mouvements de protestation allant jusqu'à déverser
plusieurs milliers de litres de laits dans la nature.
Malheureusement
notre administration et nos politiques (les décideurs en la matière) n'ont pas
traité ce dossier sur des bases solides et surtout n'ont pas procédé à la
consultation des experts et les vrais acteurs agissant dans ce domaine. Nous
remarquons, encore une fois, qu’on se
limite à des solutions provisoires afin d'absorber la colère des producteurs et
en finir avec des protestations qui reviendront surement durant les prochaines
années.
L’exemple
de la filière lait est édifiant, ce dossier traité par quatre ministères :
Agriculture, Industrie, Commerce et Finances sans oublier l’UTICA et l’UTAP auxquelles
nous ajoutons, aussi, le groupement professionnel (GIL), pourtant, une profonde
déception a envahit les spécialistes et plusieurs experts du secteur car les
mesures prises étaient bien à côté.
Depuis
les années 90 cette filière lait et ses activités ont été abandonnées par les
autorités où les normes de qualité de la production laitière ainsi que la
stratégie et la politique à suivre pour le développement de la production ainsi
que des marchés ont été bien bafouées.
Le seul
objectif, était la course pour atteindre une certaine autonomie en production
laitière, pour ce faire, certaines autorités ont laissé faires certains acteurs
à agir à leur guise, comme le mouillage du lait (l'ajout de l’eau) pour
augmenter la production laitière artificiellement bien évidement au dépends de
la qualité et au détriment du consommateur.
Plusieurs
centrales laitières n’ont pas réagit à cette « tricherie » tant que
les volumes collectés d'une façon ou d'une autre sont vendu au consommateur ( le
parent pauvre de la chaine ) et tant que l'on perçoive les subventions
convenues pour ce « pauvre lait » avec de l’eau et surtout avec des
produits dangereux. Des responsables de l’office de l’élevage et pâturage
(O.E.P.) ont sonné la sonnette d’alarme mais sans succès.
En
l’espace de trois ans, la production laitière en Tunisie a fait un bond d'environ
40 % comme si le cheptel bovin a augmenté en nombre de façon exponentielle ou
bien le cheptel existant a amélioré sa production par enchantement et par on ne
sait quelle technique. Ni les vétérinaires ni les ingénieurs ne peuvent donner des
explications satisfaisantes: Tout le monde ferme les yeux sur ce qui se passe.
Autres
conséquences, la plus part des fromageries en Tunisie utilisent la caséine
(protéine du lait) importée et de l’huile végétale (soja et huiles
subventionnées par l’état) et en ajoutant des ingrédients dangereux pour
produire des fromages, au lieu du vrai lait produit par nos vaches, tout ceci à
cause de la qualité du lait en Tunisie.
Il a
fallu attendre 2008 pour que les décisions tombent et le réveil des
responsables imposent un contrôle strict de la qualité du lait et pour mettre
de l’ordre dans cette filière.
La poudre de lait :
En
2001 plusieurs experts ont déconseillé aux autorités et au promoteur du projet
la création d’une unité de séchage du lait en Tunisie, pour plusieurs
raisons : coût, qualité du lait en Tunisie, prix international subventionné
par certains pays grands producteurs de lait (Australie, USA, Europe), surtout
qu’il suffit de stocker durant la période de haute lactation le lait stérilisé
UHT (durée de consommation : DLC de six (6) mois). Sans oublier qu'il existe
de meilleures solutions bénéfiques, à savoir :
1/ La subvention de l’exportation du lait
Tunisien, à l'instar du concentré de tomate pour aider les agriculteurs et encourager
la production de tomate, allant de 0,15 à 0,2 DT par litre de lait permettront ainsi
d’exporter notre surplus de lait UHT (stérilisé) et ainsi promouvoir cette
filière avec des dérivés du lait : fromages et autres.
2/ Se concentrer sur les marchés porteurs
tels que la Libye, l'Algérie et certains pays africains voire projeter et
encourager nos industriels et promoteurs de projets à s'installer dans ces
pays, ce qui favorisera d'importantes rentrés de devises. Tout en mettant l'accent
sur l'amélioration de la qualité et des normes d'usage en ce qui concerne la
filière lait, le coût de production du lait, la diversification des produits et
des industries qui en découlent (fromages, Beurre, crèmes, produits de beauté
et soins, ...)
L'appel
aux experts en la matière et le recours aux nouvelles technologies sont
indispensables pour améliorer la situation de la filière lait.
3/ Renforcer le contrôle de la qualité du
lait collecté en interdisant tout ajout d'eau ou d'autres substances, et,
assister les producteurs et les centres de collecte à améliorer les conditions
de collecte, comme l’installation de la chaine du froid depuis la ferme jusqu’à
l’usine, ainsi que le respect des normes internationales exigées par le
fédération Internationale du lait (F.I.L.).
4/ La création d’autres unités de
transformation de lait pour absorber la surproduction et encourager les
exportations.
Ces quelques propositions permettront de mettre
fin à des pratiques frauduleuses de surproduction fictive et de la mauvaise
qualité du lait.
Aujourd’hui,
le groupe DOGHRI en rachetant
cette unité laitière de séchage à la Mornaguia, pour un prix symbolique, mette
la pression sur les autorités pour lui octroyer cette subvention en faisant
croire que le séchage de lait dans son unité c’est la seule solution pour faire
face au surplus de production ce qui est totalement faux. D'ailleurs si cela se
confirme l’état commettra une grave erreur et serai de l'utilisation de l’argent public
abusivement.
Sachant
que cette unité n'a fonctionné que durant 2 mois en 2012 et elle a exigé une
subvention due à l'Etat Tunisien pour 3
millions de dinars…….et impossible d’exporter cette production pour une
raison simple, sa mauvaise qualité.
Il
est important de préciser que le prix du lait en poudre est côté sur le marché
international à 6 DT maximum (2,6 €) par kilo tandis que l'unité du Groupe DOGHRI prétend que le coût de
production de la poudre de lait serai de 12 DT le kilo en 2016, selon nos
sources. Ce Groupe est actuellement en train de négocier avec l'Etat Tunisien
une subvention de 3 à 4 DT par kilo (c’est dire 0,3 à 0,4 DT par litre traité
si l'on considère qu'il faut environ 10 litres de lait pour avoir un kilo de
poudre de lait).
Outre
le coût exorbitant de la production de la poudre de lait il est primordiale de
souligner la mauvaise qualité de cette poudre du fait du nombre élevé de germes
dans le lait collecté en Tunisie surtout que les normes tunisiennes admettent
jusqu'à 2 millions de germes par millilitre alors qu'en Europe ce chiffre ne
doit pas dépasser 500 mille germes soit 4 fois moins.
Il
faut consulter plus large et donner aux experts
du secteur laitier la possibilité de proposer des solutions bénéfiques
au secteur agricole et à la Tunisie.
Nous
signalons aussi les avantages du secteur de l’élevage en Tunisie. Il ne peut y
avoir une bonne agriculture sans l’élevage. Il permet non seulement la
production laitière mais aussi il permettra le développement de la filière
viande et diminuer par conséquent les importations de viande (gain de devises).
A
moyen terme nous devrions mettre une bonne stratégie de développement de
l’élevage en améliorant le coût de production du lait (amélioration de la
qualité des aliments, amélioration des rendements fourragers, amélioration génétique
de notre cheptel, assistance et conseil aux agriculteurs, etc). Sans oublier
que l’élevage permet l’amélioration des amendements agricoles et par conséquent
améliorer les rendements céréaliers (blé, orge, etc.) mais d’autres cultures (maraichères
et arboricultures).
A
suivre
Signé : groupe d’experts
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